27 juin 2025

Wimbledon 2025 : l’homme mystérieux qui devine les champions au premier pas sur l’herbe – son secret va vous surprendre !

Nous y sommes : la saison sur gazon bat son plein et, pour beaucoup de passionnés, c’est le moment le plus fascinant de l’année tennistique. Le Central de Wimbledon se pare de son vert éclatant, les contours du court s’effacent sous les pas des champions, et l’on ressent cette tension unique, à mi-chemin entre la tradition centenaire et l’incertitude des trajectoires capricieuses. Derrière ce tableau somptueux se cache pourtant un homme discret, un gardien de ce tapis vivant : Robert Twynam, plus qu’un jardinier, un véritable oracle de l’herbe.

L’évolution du gazon : du privilège des serve-and-volley à l’ère du fond de court

Avant 2001, le gazon de Wimbledon était rasé à 6 millimètres, offrant un rebond ultra-rapide et permettant aux serveurs-volleyeurs de briller en véritable étalon. Les longues volées d’Ivan Lendl ou le toucher délicat de Pat Cash en ont fait les lettres de noblesse. Mais l’équilibre du tennis a évolué vers un jeu de fond de court plus puissant. Pour ralentir la surface et préserver son intégrité, l’All England Club a relevé la hauteur de coupe à 8 millimètres et enrichi la composition de l’herbe. Résultat : un gazon davantage capable de résister à l’usure et d’atténuer les effets tranchants de la balle, tout en conservant cette élégance qui fait vibrer les gradins.

Robert Twynam, l’homme au chevet du Central

Arrivé sur site en tant que simple ramasseur de balles, Twynam a côtoyé les légendes d’avant-garde : Borotra, Tilden, Lenglen. Ses dix premières années lui ont permis d’observer, en retrait, les champions effleurer l’herbe de leurs semelles. En 1967, John McPhee le qualifiait déjà de “gardien solennel” dans son portrait : 44 années passées à loger sur place, un quotidien rythmé par la pousse et le repos du gazon, et une intimité avec le court telle qu’il en respirait littéralement l’odeur après la tonte.

Elevé au rang de chef jardinier, Twynam écrit chaque saison un journal dédié exclusivement au Central. Il y note la météo, la fermeté du substrat, la couleur du limon et le moindre éclaircissement causé par le passage des joueurs. Car pour lui, le court est un être vivant : il s’y déplace, l’écoute, le soigne.

Les rituels d’un “oraculum” du gazon

  • La prière pour la pluie : jamais plus de deux heures, “juste un filet pour rafraîchir la herbe”, clame-t-il. Un véritable rite qu’il exécute souvent après le déjeuner, afin de compléter les arrosages mécaniques et de préserver l’humidité naturelle.
  • L’inspection à quatre pattes : posture insolite, mais indispensable. À genoux ou carrément allongé, il examine du bout des doigts l’emprise des rhizomes et l’enracinement de chaque brin, à la recherche du moindre signe de stress hydrique ou fongique.
  • Le rapport au temps : avec ses 780 mètres carrés à surveiller, Twynam adopte un pas lent, zigzaguant, comparable à une prière en mouvement. Chaque traversée du Central devient un office où l’on invoque la solidité et l’homogénéité du tapis.

Quand les pas des joueurs racontent une histoire

Plus encore que sa connaissance agronomique, Twynam doit sa légende à sa capacité de décrypter la performance des athlètes en observant… leurs pieds. Il classe les joueurs en trois grandes familles :

  • Les “strusci” : ces bottines qui frottent la surface avant de décoller, creusant des sillons en demi-lune. Jugés trop agressifs, il espère qu’ils seront éliminés dès le premier tour.
  • Les “pattini” : ces glisseurs, ceux qui exploitent chaque mètre carré en glissant sur l’herbe. Ils gênent par leur capacité à maintenir une vitesse constante, créant des déplacements linéaires presque impénétrables.
  • Les “zappe” : rares mais redoutés, ce sont les assoiffés de puissance qui lacèrent la terre de leurs semelles, levant des éclats de gazon comme autant d’étincelles. Si leur coup droit s’additionne à ce déchaînement, ils peuvent dominer le match.

À l’inverse, les élus — Rosewall, Emerson, Lenglen, Maria Bueno — semblaient danser sur la surface, sans laisser la moindre trace. Twynam, qui observait leurs glissades et leur légèreté, devinait leur supériorité technique. Selon lui, un bon joueur sur gazon est d’abord celui qui respecte le court, l’épargne et sait dialoguer avec lui.

Des décennies plus tard, alors que la technologie et les analyses statistiques règnent sur le tennis moderne, l’histoire de Robert Twynam reste un rappel précieux : avant d’être des athlètes, les champions sont des voyageurs aux pieds légers, et chaque indice laissé sur l’herbe raconte un destin.

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