28 juin 2025

Tennis : la WTA passe un accord choc avec les bookmakers pour museler les trolls

Le contexte inquiétant des abus en ligne dans le tennis

Depuis l’avènement des réseaux sociaux, le tennis professionnel n’échappe pas aux dérives liées à l’anonymat numérique. Les joueuses, en particulier, sont souvent la cible de propos haineux, injurieux ou même menaçants. Katie Boulter, n°2 britannique, a récemment levé le voile sur l’ampleur et la violence de ces attaques, évoquant des « menaces de mort » et l’envoi « d’images explicites ». Face à cette problématique grandissante, la Women’s Tennis Association (WTA) et la Fédération Internationale de Tennis (ITF) ont décidé de frapper un grand coup en impliquant directement les sociétés de paris.

Données clés issues du rapport conjoint WTA–ITF

Publiée en juin 2025, l’étude s’appuie sur un système de détection IA développé par le Signify Group. Voici les principaux enseignements :

  • 458 joueurs et joueuses ont été la cible d’abus en ligne l’année dernière.
  • Les « parieurs frustrés » représentent près de 40 % des auteurs d’abus, un taux qui grimpe à 77 % lorsque l’on considère spécifiquement les comptes personnels des athlètes.
  • Le quart des messages haineux vise cinq joueuses féminines de premier plan, confirmant une surreprésentation des femmes parmi les victimes.
  • Quinze auteurs d’abus ont été signalés aux autorités et interdits d’accès aux tournois du Grand Chelem, ainsi qu’aux événements ATP et WTA.
  • Pourquoi impliquer les sociétés de paris ?

    Les paris sportifs occupent une place majeure dans l’écosystème du tennis, tant du point de vue financier que médiatique. Pourtant, les opérateurs ont souvent été pointés du doigt pour leur manque de réactivité face aux dérives de certains parieurs. En s’associant officiellement avec ces acteurs, la WTA et l’ITF visent plusieurs objectifs :

  • Assurer une modération plus stricte des plateformes de paris en ligne.
  • Lancer des campagnes de sensibilisation à destination des parieurs pour limiter les comportements abusifs.
  • Mise en place de mécanismes de sanction rapide, à l’image de la révision des conditions d’utilisation de FanDuel.
  • Mesures concrètes et premiers retours

    Plusieurs avancées notables ont déjà vu le jour :

  • FanDuel, partenaire officiel WTA aux États-Unis, a élargi sa définition de l’« harcèlement » dans ses conditions générales. Désormais, le groupe peut suspendre ou fermer un compte si l’utilisateur est identifié comme « menace pour la sécurité des participants d’un événement sportif ».
  • Des discussions sont en cours avec d’autres opérateurs, qui commencent à envisager des systèmes d’alerte et de blocage basés sur le même principe.
  • Le financement de modules pédagogiques en ligne, couplés à des quiz interactifs, devrait être testé avant la tournée américaine sur dur.
  • L’impact psychologique sur les joueuses

    Au-delà des chiffres, ces abus laissent des traces profondes sur le plan mental :

  • Augmentation du stress et de l’anxiété, particulièrement avant et après les matchs.
  • Émergence d’un sentiment de vigilance constante, générant une fatigue psychologique à long terme.
  • Perte de confiance en soi, surtout pour les jeunes joueuses encore en construction émotionnelle.
  • En tant qu’ancien joueur classé -2/6, j’ai pu observer l’importance de maîtriser son espace digital. Sur le court, l’athlète se doit de développer une solidité mentale égale à sa préparation physique.

    Conseils techniques pour renforcer sa résilience

    Voici quelques clés pour limiter l’impact des abus en ligne et rester concentré sur l’aspect sportif :

  • Désactiver les notifications sur les réseaux sociaux pendant les heures de compétition et de récupération.
  • Constituer un « groupe de confiance » composé de coachs, de proches ou de psychologues sportifs, capables de filtrer les messages toxiques.
  • Planifier des moments précis pour consulter les médias sociaux et éviter l’exposition continue.
  • Pratiquer des exercices de sophrologie ou de cohérence cardiaque pour réguler le stress post-match.
  • Maintenir un journal de bord émotionnel afin de repérer les signes de découragement et d’y apporter une réponse adaptée.
  • En s’attaquant aux sources mêmes de ces comportements nuisibles — à savoir le lien direct avec les paris sportifs —, la WTA et l’ITF envoient un message fort à l’ensemble de la communauté tennis : le respect des athlètes, en particulier des joueuses, est non négociable. Reste désormais à transformer ces promesses en actions durables, tant sur le plan législatif que sociétal.

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