30 septembre 2025

Federer monte au créneau : comment des courts trop lents profitent à Alcaraz et Sinner !

Les retours deviennent trop faciles

Lors de la Laver Cup 2025, Roger Federer a soulevé un point crucial : la lenteur générale des courts contemporains facilite grandement les retours. « Je trouve qu’aujourd’hui, on remet tellement facilement », a-t-il expliqué en retrouvant son franc-parler. Jadis, le retour de service était un art exigeant : anticiper la trajectoire, se déplacer rapidement et frapper avec précision. Désormais, les meilleurs serveurs – comme Reilly Opelka, par exemple – se heurtent à des adversaires capables de renvoyer quasi systématiquement la première balle, même à l’intérieur d’un court couvert.

Federer cite l’exemple d’un échange face à Casper Ruud, un rendu symptomatique : « Il te renvoie ce service très rapide quasiment à hauteur de hanche, et en plus, il te contre-croise ! » Sur un court plus rapide, ce type de retour serait infiniment plus difficile à exécuter, et offrirait un avantage plus net au serveur.

L’uniformisation des surfaces nuit à la diversité tactique

Dans une discussion avec Reilly Opelka, Federer a pointé un rôle partagé par les directeurs de tournoi : en privilégiant la sécurité et la prévisibilité du spectacle, ils maintiennent volontairement la lenteur des courts. Résultat : les joueurs d’attaque et les défenseurs se retrouvent à adopter des schémas de jeu de plus en plus similaires.

Autrefois, seuls douze tournois comptaient pour le classement ATP, obligeant les joueurs à sélectionner soigneusement les surfaces pour exploiter leurs points forts. L’attaquant pur, adepte du service-volée, choisissait des surfaces ultra-rapides ; le retriever, adepte du jeu de fond de court, pratiquait sur terre battue lente. Aujourd’hui, le programme hebdomadaire affiche une monotonie qui émousse la variété des styles.

Pourquoi Alcaraz et Sinner profitent de cette tendance

Carlos Alcaraz et Jannik Sinner incarnent la nouvelle garde : puissants, polyvalents, capables de dicter le jeu depuis la ligne de base tout en renvoyant des services ultra-rapides. Federer souligne que ces deux joueurs trouvent dans les courts lents un véritable « filet de sécurité » :

  • Pour Alcaraz, la lenteur offre plus de temps pour engager ses déplacements explosifs et imposer son jeu de jambes.
  • Pour Sinner, cela lui permet d’installer progressivement son revers à une main, sans être acculé par des frappes foudroyantes.

Dans ces conditions, les talents moins complets voient leur marge d’erreur réduite : réussir quelques coups décisifs pour renverser l’issue d’un match devient plus ardu quand les échanges durent davantage et que les retours avalent la puissance du serveur.

Vers un « mix » de vitesses de jeu

Roger Federer ne se contente pas de critiquer : il propose aussi des pistes d’amélioration. Selon lui, il serait judicieux de varier la vitesse des courts au sein d’un même tournoi :

  • Alterner entre des courts très rapides et d’autres plus lents pour tester la capacité d’adaptation des joueurs.
  • Redéfinir le calibrage des balles et la rugosité du revêtement afin d’accentuer les différences entre chaque arène.
  • Introduire un coefficient de vitesse pour les surfaces, à l’image des indices de dureté sur les pneus de Formule 1, pour guider les directeurs sportifs.

Cette diversité permettrait de récompenser les joueurs complets et créatifs, tout en redonnant à l’adversaire en attaque la possibilité de conclure plus rapidement les points décisifs.

Entraînement et préparation spécifique

Du côté des joueurs, cette nécessaire rotation des vitesses exigerait une préparation plus pointue : travail du timing au retour, maniement des amorties sur courts rapides et réglage fin des trajectoires en fonds de court. Julien, ancien joueur classé -2/6, insiste sur l’importance d’un entraînement à 360° : « Ne vous contentez pas de répéter vos frappes de fonds de court, intégrez des exercices de réaction au service sur surfaces rapides pour aiguiser votre première balle de retour. »

Sur un court plus lent, le joueur doit, au contraire, travailler son jeu de jambes afin de rester toujours en position face aux angles difficiles. Les séances de déplacement latéral et d’endurance deviennent alors primordiales pour ne pas subir l’échange.

Un enjeu pour l’avenir du tennis

L’appel de Federer résonne comme un avertissement : sans rééquilibrage des vitesses, le tennis risque de sombrer dans une uniformité technique et tactique. Entre les talents complets tels qu’Alcaraz et Sinner et ceux moins complets, l’écart se creuse, au détriment du spectacle et de la belle incertitude que recherchent les fans.

La prochaine étape pour les instances et les directeurs de tournoi sera d’écouter ces voix d’experts – anciens champions et joueurs de haut niveau – pour redonner au tennis toute sa richesse stratégique et offrir aux spectateurs une palette de styles renouvelée.

Copyright © All rights reserved. | Newsphere by AF themes.