19 mai 2025

L’alerte choc de Mahut : pourquoi le circuit de double agonise depuis 15 ans !

Nicolas Mahut, légende du double et ancien n°1 mondial dans cette spécialité, tire la sonnette d’alarme : selon lui, le circuit de double souffre d’un déclin amorcé il y a une quinzaine d’années. Fort de son expérience de joueur ayant prolongé sa carrière au-delà de quarante ans grâce aux simples et surtout au double, il partage ses analyses et ses propositions pour redonner du lustre à une discipline grandement délaissée.

Un virage il y a quinze ans

Mahut situe le début du déclin autour de 2010, moment où :

  • Les joueurs de simple ont choisi de se concentrer exclusivement sur leur carrière individuelle.
  • La prime aux performances en simple a explosé, laissant le double à la traîne en termes de prize money.
  • Le double a progressivement perdu son attractivité, tant pour les joueurs que pour les diffuseurs et les médias.
  • Cette évolution a fortement réduit le nombre de joueurs de simple participant régulièrement en double, appauvrissant le vivier de champions et la diversité des duos compétitifs.

    Un statut relégué, notamment en France

    Contrairement aux pays anglo-saxons – où les universités américaines et l’école britannique valorisent encore le double –, la France présente un paysage moins favorable :

  • Le double est souvent perçu comme une échappatoire pour ceux qui n’ont pas percé en simple.
  • La couverture médiatique se limite généralement aux seuls matchs de simple, à l’exception des grandes affiches de la Coupe Davis où le double conserve un rôle clé dans le résultat final.
  • Les tournois ATP et les diffuseurs ne programment plus de créneaux de visibilité pour les doubles, réduisant l’exposition des joueurs.
  • Les symptômes d’un circuit en perte de vitesse

    Mahut pointe plusieurs difficultés pratiques :

  • Une programmation inférieure : les matchs de double démarrent tardivement ou sont relégués sur les courts annexes.
  • Un marketing insuffisant : absence de stars du simple en double pour attirer le public.
  • Une rémunération déconnectée des efforts : le prize money en double représente une part marginale des dotations totales.
  • Ces éléments combinés découragent tant les jeunes talents que les champions confirmés de s’engager pleinement dans cette discipline.

    Propositions pour redynamiser la discipline

    Pour inverser la tendance, Mahut suggère plusieurs axes d’action :

  • Revoir la planification des matchs : intégrer le double en horaires de grande audience, lors des phases clés des tournois (huitièmes, quarts).
  • Inviter des têtes d’affiche du simple à jouer en double : leur présence médiatisée générerait un intérêt supplémentaire.
  • Renforcer la communication : créer des contenus dédiés (interviews, résumés animés) pour valoriser l’aspect spectaculaire du double.
  • Rééquilibrer le prize money : augmenter les dotations en double pour conforter le statut professionnel des spécialistes.
  • Le but est de retrouver une dynamique où doubles et simples cohabitent sur un pied d’égalité sur le plan éditorial et financier.

    Le regard d’un ancien -2/6 sur la technique du double

    En tant qu’ancien joueur classé -2/6, je peux attester que le double exige des compétences spécifiques souvent sous-estimées :

  • Positionnement et couverture : la coordination entre partenaires pour couvrir le court et combiner montée au filet et défense en fond.
  • Communication constante : signaux avant et après le service, ajustements tactiques en temps réel.
  • Variations de service : alterner la vitesse, les effets slicés ou liftés pour déstabiliser les retours adverses.
  • Jeu à la volée : anticipation, lecture de trajectoire et réactivité à la réponse de l’adversaire.
  • Ces subtilités tactiques méritent d’être enseignées dès le plus jeune âge pour cultiver des duos compétitifs et passionnants à suivre.

    Une discipline historique à préserver

    Le double reste un élément fondateur du tennis, avec un rôle majeur dans des compétitions comme la Coupe Davis ou le tennis universitaire. Sa disparition ou son affaiblissement signifierait la perte d’un pan entier de l’histoire et de l’esthétique du jeu. Même si Nicolas Mahut se déclare plutôt pessimiste face aux récentes décisions de l’ATP, il conserve l’espoir qu’un réveil collectif – joueurs, fédérations, diffuseurs – permette de relancer un circuit de double attractif et pérenne.

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