15 décembre 2025

L’alerte d’Amritraj : l’ATP est en train d’effacer l’Asie, l’Afrique et l’Amérique du Sud – la vérité qui dérange

Amritraj attaque l’ATP : « Réduire les ATP 250 menace l’universalité du tennis »

Vitav Amritraj, ancien joueur et ex-président du Players’ Council de l’ATP, ne mâche pas ses mots. Dans une prise de parole récente, il critique fermement la stratégie adoptée par l’ATP ces dernières années : l’allongement des Masters 1000 à deux semaines au détriment des tournois de moindre envergure, et notamment la raréfaction des ATP 250. Pour Amritraj, cette logique met en danger le caractère véritablement mondial du tennis.

Un tennis de plus en plus concentré

Le raisonnement d’Amritraj est simple et factuel. En étendant les Masters 1000 sur deux semaines, le calendrier ATP a mécaniquement réduit la place pour les autres événements. Or, ce sont précisément ces tournois dits « mineurs » — et notamment les ATP 250 — qui irriguent le circuit et permettent une présence régulière du tennis dans des régions moins privilégiées : Asie, Afrique, Amérique du Sud et bien d’autres.

L’ancien dirigeant rappelle que, par le passé, l’Asie disposait d’un tissu de tournois bien plus dense : non seulement Tokyo, mais aussi des étapes régulières en Inde, Hong Kong, Singapour, Manille, Bangkok, Téhéran, Séoul ou Osaka. Aujourd’hui, Tokyo reste quasiment le seul point d’ancrage asiatique avec une licence importante. Ce déplacement d’attention vers des compétitions plus grosses mais moins nombreuses crée un effet de concentration qui éloigne le tennis de larges pans du globe.

Pourquoi les ATP 250 sont essentiels

Sur le plan sportif et structurel, les ATP 250 jouent des rôles multiples :

  • Détection et développement : ces tournois offrent des opportunités aux joueurs locaux et aux jeunes talents de gagner des points ATP et d’acquérir de l’expérience professionnelle.
  • Accessibilité géographique : ils rapprochent l’élite du public local, favorisant l’essor des publics et des sponsors régionaux.
  • Équilibre du calendrier : ils servent de tremplin pour les joueurs cherchant à franchir des paliers avant d’affronter des compétitions de plus haut niveau.
  • Amritraj argue que sans ces étapes, le tennis perd une grande part de son réseau de formation et de diffusion. Réduire ces tournois revient à fragmenter l’écosystème et à concentrer la visibilité et les ressources sur quelques événements majeurs, souvent situés en Europe et en Amérique du Nord.

    Un passé où le tennis était véritablement mondial

    L’ancien joueur évoque une époque où l’on trouvait des tournois dans des villes comme Lima, Bogotá ou Caracas — des rendez-vous qui donnaient une portée continentale au sport. Ce maillage historique permettait d’offrir des fenêtres d’exposition aux joueurs et aux fans sur des continents autrement marginalisés. Selon Amritraj, la tendance actuelle risque de faire perdre au tennis son identité globale : « D’abord regardez le reste du monde, puis, éventuellement, augmentez la puissance des tournois existants », martèle-t-il.

    Conséquences pour l’Asie, l’Afrique et l’Amérique du Sud

    Concrètement, la diminution des ATP 250 signifie moins d’événements pour attirer des sponsors locaux, moins d’emplois générés par l’organisation d’un tournoi, et surtout moins d’opportunités pour les joueurs régionaux de s’illustrer sans devoir voyager des semaines à l’avance vers des destinations coûteuses. Amritraj dénonce ainsi une logique qui favorise les circuits déjà riches au détriment des marchés en développement.

    Un appel à la nuance dans les investissements

    Amritraj ne s’oppose pas à l’investissement dans des tournois plus prestigieux ; il appelle en revanche à un équilibre. Investir dans des Masters 1000 plus importants peut être bénéfique pour l’attractivité globale du circuit, à condition de ne pas sacrifier des pans entiers de la planète. Son message est clair : si quelqu’un souhaite augmenter la taille d’un événement, qu’il le fasse, mais pas au prix d’effacer des régions entières du calendrier.

    Quelle stratégie pour préserver la mondialisation du tennis ?

    Plusieurs pistes se dessinent face aux critiques d’Amritraj :

  • Maintenir un plafond de tournois majeurs sans diminuer drastiquement le nombre d’étapes ATP 250.
  • Créer des incitations financières ou logistiques pour maintenir des licences dans des régions émergentes.
  • Favoriser une rotation géographique des tournois afin que l’Afrique, l’Asie et l’Amérique du Sud conservent une visibilité annuelle.
  • Sur le plan politique et économique, ces solutions impliquent de repenser la manière dont les revenus sont redistribués et comment les calendriers sont construits pour concilier enjeux commerciaux et équité géographique.

    La voix d’un ancien joueur : sensibilité au terrain

    En tant qu’ancien joueur, je rejoins le fond de l’analyse d’Amritraj : le tennis se construit aussi sur ses racines locales. Les tournois modestes forment la colonne vertébrale du sport professionnel. Sans eux, la relève se fragilise, les publics se raréfient et l’image du tennis devient de plus en plus élitiste et centralisée.

    Les décisions prises par l’ATP auront des conséquences lourdes à moyen et long terme. Si l’objectif est vraiment de préserver et d’étendre la pratique du tennis dans le monde, il faudra impérativement trouver un équilibre entre événements phares et compétitions de diffusion. Les prochains mois seront déterminants pour savoir si le tennis choisira la concentration économique ou la diversité géographique.

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