Masters 1000 de Toronto : pourquoi les plus grandes stars désertent en masse ?

Un Masters 1000 vidé de ses stars

À moins de sept jours du coup d’envoi du National Bank Open de Toronto, déjà trois membres du Top 5 mondial ont levé le pied : Jannik Sinner, Jack Draper, Novak Djokovic… et, plus récemment, Carlos Alcaraz. Pour un tournoi de catégorie 1000, l’affiche devient plus proche d’un Masters 500. Cette cascade de forfaits interroge : comment expliquer qu’un événement si prestigieux peine à retenir ses meilleurs ambassadeurs ?

Le calendrier après Wimbledon : un goulet d’étranglement

Traditionnellement, les deux Masters 1000 nord-américains post-Wimbledon (Toronto et Montréal à l’alternance paire-impaire) n’ont jamais bénéficié d’une position idéale. En sortie de gazon, les joueurs réclament un break pour préserver leur corps et faire le plein de confiance avant la tournée américaine sur dur. Cependant, depuis que ces tournois se sont étirés sur deux semaines, la fenêtre de préparation s’est considérablement réduite :

• Démarrage le dimanche 27 juillet à Toronto, contre fin de première semaine d’août auparavant.
• Finale programmée le 7 août, jour du premier tour de Cincinnati.
• Us Open sur dur débutant mi-août, sans interruption suffisante.

Impact sur les joueurs et le spectacle

Un planning surchargé génère plusieurs effets néfastes :

• Fatigue accumulée : après deux Slams en moins de deux mois, le corps réclame un repos prolongé.
• Risque de blessures : tension sur les coudes et chevilles accentuée par l’enchaînement rapide herbe/dur.
• Perte d’intensité : les joueurs privés de préparation optimale débarquent en manque de repères.

Résultat, les rendez-vous perdent de leur saveur pour le public et les diffuseurs, et l’attrait commercial s’en ressent.

L’exemple de Jannik Sinner

Quelques jours après son sacre historique à Wimbledon, le champion italien a renoncé à Toronto pour « se remettre complètement ». Julien, fort de son expérience de joueur classé -2/6, rappelle que même le meilleur service du circuit nécessite un temps d’adaptation : sans quatre à cinq jours de « prise de raquette », le pourcentage de premières balles et la précision des retours s’effondrent.

Comparaison avec les autres Masters 1000

Le dilemme ne concerne pas que Toronto :

• Indian Wells / Miami : coup sur coup début mars, certains finalistes d’Indian Wells zappent Miami pour gérer la charge.
• Madrid / Rome : en avril/mai, les joueurs doivent choisir entre deux préparations sur terre similaires, au risque de pay­er un tribut physique.
• Futur Masters 1000 en Arabie (janvier) : ajouté à l’agenda en préambule de l’Australian Open, il complique le programme de acclimatation au fuseau et au climat.

Vers une réforme des calendriers

Plusieurs pistes méritent d’être explorées :

• Revenir à une formule en une seule semaine, réduisant la durée et recentrant l’intensité.
• Décaler le début de Toronto à la première semaine d’août, comme en 2023, pour offrir un sas de récupération post-Wimbledon.
• Coordonner les dates avec Cincinnati, en alternant plateau fort/faible pour fluidifier la présence des Top players.
• Imposer un week-end de repos officiel entre Toronto et Cincinnati pour préserver la santé des athlètes.

Enjeux pour ATP et WTA

L’ATP et la WTA possèdent les leviers pour ajuster les équilibrages : redéfinir la hiérarchie des tournois, instaurer des plages de repos minimales, ou même repenser la succession des surfaces. Depuis la réforme des horaires de nuit, les athlètes réclament davantage de cohérence dans la planification annuelle. Le message est clair : sans ajustement, le spectacle et la qualité du jeu pourraient pâtir durablement.

Appel à l’action

Les organisateurs, en concertation avec les instances, doivent répondre à cet appel d’urgence. Les prochains Big 3 de la tournée nord-américaine seront déterminants pour mesurer la capacité du circuit à trouver un nouvel équilibre entre performance, santé et attrait médiatique.