Queen’s délaissé : Musetti et Berrettini misent tout sur Wimbledon – folie ou coup de génie ?

Le contexte et la décision de forfait

À la suite de la défaite en demi-finale du dernier Roland-Garros contre Carlos Alcaraz, Lorenzo Musetti a vu réapparaître une gêne à l’adducteur gauche. Les examens médicaux ont confirmé une lésion de premier grade qui contraindrait normalement le joueur à un arrêt d’environ quinze jours. Plutôt que de risquer une aggravation de sa blessure, le Carrarino et son équipe, pilotée par Simone Tartarini, ont décidé de renoncer au Queen’s Club (16–22 juin). Ce forfait vise avant tout à préserver sa participation à Wimbledon, prévu du 30 juin au 13 juillet.

Impacts sportifs et stratégiques

Sur le plan sportif, l’absence de Musetti au Queen’s Club élimine une étape-clé de la préparation sur gazon. En effet, ce tournoi britannique est réputé pour ses courts rapides et son public connaisseur, offrant des conditions proches de celles de Wimbledon. Le choix de s’économiser permet cependant d’éviter tout choc inutile et de favoriser une récupération optimale avant le troisième Grand Chelem de l’année.

Le staff de Musetti a donc recalibré le programme d’entraînement : séances légères sur gazon, travail spécifique de mobilité et renforcement musculaire autour de la hanche et de l’adducteur. L’objectif est double : soigner la blessure et maintenir un rythme de jeu sur surface rapide sans recourir à la compétition.

Le cas de Matteo Berrettini

Dans la foulée, Matteo Berrettini a également officialisé son absence du Queen’s Club. Le Romain, qui n’a plus joué depuis les Internationaux d’Italie en raison d’une douleur abdominale, préfère soigner ses maux plutôt que de forcer sur son service puissant. Berrettini avait déjà renoncé au tournoi de Stuttgart, où il défendait les points de finaliste obtenus en 2024 face à Jack Draper.

Avec ces deux forfaits, les ambitions italiennes sur gazon s’en trouvent évidemment modérées. Toutefois, les deux joueurs privilégient la santé à court terme, espérant arriver au All England Club dans les meilleures dispositions possibles.

Points à défendre et enjeux au classement

Sur le plan comptable, Lorenzo Musetti était loin d’être un inconnu sur herbe : en 2024, il s’était hissé jusqu’en demi-finale à Stuttgart (90 points), puis en finale du Queen’s (330 points), et encore en demi-finale à Wimbledon (450 points), totalisant 870 points à défendre. Pour être précis, ses 1 230 points incluent également d’autres résultats sur herbe issus de tournois annexes. Renoncer à la défense de ces points pourrait rétrograder le jeune Italien hors du top 5 s’il ne parvient pas à réaliser un parcours équivalent à Londres.

Du côté de Berrettini, l’abandon des 250 points de Stuttgart et des 330 points du Queen’s risque de le faire glisser dans le top 20 mondial, à moins qu’un excellent parcours à Wimbledon ne vienne compenser ces pertes.

Adaptation de la préparation physique et technique

La surface en herbe impose un jeu plus rapide, des déplacements plus glissés et des échanges raccourcis. Julien, ancien joueur classé ‑2/6, recommande plusieurs axes de préparation :

• Renforcement du bas du corps : squats, fentes et gainage latéral pour stabiliser l’articulation de la hanche et protéger l’adducteur.
• Exercices de proprioception : travail sur plan instable (bosu, coussin d’équilibre) pour améliorer la coordination musculaire et réduire le risque de nouvelles entorses ou tensions.
• Séances de répétition de demi-volées et de volées basses : pour s’habituer à l’amorti du gazon et optimiser la prise d’initiative au filet.
• Simulations de match à vitesse réduite : échanges en conditions réelles mais avec intensité modérée afin de tester la réaction de la zone blessée.

Scénarios pour Wimbledon

En l’absence de compétition, Musetti et Berrettini pourraient privilégier des sparrings contre des joueurs rompus à l’herbe, comme Andy Murray ou Cameron Norrie, afin de peaufiner leurs timings de retour et leur chute contrôlée. Quelques sessions d’entraînement sur les courts de Roehampton ou d’Edgbaston sont également envisageables pour conserver un contact avec la balle rapide.

Par ailleurs, l’utilisation du Freeze Cryo ou d’autres protocoles de cryothérapie après chaque séance de travail aidera à limiter l’inflammation et à accélérer la cicatrisation du muscle adducteur.

Perspectives et ambition

Malgré ces contretemps, l’objectif reste clair : briller sur le gazon londonien. Pour Lorenzo Musetti, l’enjeu est de confirmer son statut de joueur polyvalent et d’atteindre au moins les quarts de finale à Wimbledon afin de limiter les dégâts au classement. Pour Matteo Berrettini, habitué à performer sur cette surface, il s’agit de revenir en force après une période d’inactivité et de reconquérir le public local grâce à son service redoutable.

Le début de la troisième semaine de juin sera donc déterminant pour la suite de la saison sur gazon. Reste à espérer que le temps de repos et la stratégie de charge de travail choisis par chacun permettront un retour sur le court sans douleur et avec l’assurance nécessaire pour rivaliser face aux meilleurs spécialistes d’herbe.