Rune gravement blessé : le préparateur Panichi révèle l’erreur qui a précipité la rupture du tendon d’Achille — ce que personne n’osait dire
Holger Rune vient de traverser l’un des moments les plus délicats de sa jeune carrière : la rupture du tendon d’Achille survenue en demi-finale de l’ATP 250 de Stockholm. En tant qu’ancien joueur classé -2/6 et observateur du circuit, j’ai suivi avec attention les retours de Marco Panichi, qui a pris en main la préparation physique du Danois. Ses propos livrent des éléments cruciaux sur la genèse de la blessure, la prise en charge et les pistes de rééducation. Voici une analyse technique et pratique de ce qui s’est passé, et des enseignements à tirer pour les joueurs et les staffs.
Les signaux avant-coureurs : quand le corps parle
Panichi souligne ce que beaucoup de préparateurs ressentent parfois trop tard : le corps envoie des signaux avant une défaillance majeure. Dans le cas de Rune, ces signaux se manifestaient par des fatigues récurrentes et des petites rigidités. Pour un joueur comme lui, dont le tennis est bâti sur l’explosivité et la rapidité, perdre ne serait-ce que 10 % d’efficacité dans les appuis a un impact disproportionné sur la performance. Sur le court, cela se traduit par des attaques de balle moins tranchantes, des changements de direction plus lents, et un moindre contrôle lors des départs-stop. Autant d’indices qui, cumulés, annoncent une sous-optimisation biomécanique susceptible d’aboutir à une blessure.
Gestion des charges : l’erreur fréquente
Un point central évoqué par Panichi est la gestion des charges d’entraînement. Chez les talents explosifs comme Rune, l’énergie est souvent dépensée massivement et parfois de manière anarchique : sprints répétés, séances intenses rapprochées, et peu de travail de qualité sur la récupération et la technique de mouvement. Panichi est intervenu pour « remettre de l’ordre » — ce que tout préparateur sérieux tente de faire quand il arrive sur un cas présentant un grand potentiel mais une gestion fragile du volume et de l’intensité.
Qualité du mouvement : mieux vaut moins mais mieux
La correction des défauts de mouvement est une autre priorité. Plutôt que d’accumuler les kilomètres ou les drills, Panichi a privilégié la qualité : progressions structurées, intensité contrôlée, respect des temps de repos. C’est une approche que je partage totalement. Rechercher la répétition de gestes propres (appuis, réception, décollage) réduit la transmission de forces inappropriées vers les structures vulnérables — comme le tendon d’Achille — et permet d’améliorer l’économie gestuelle. Pour Rune, cela signifiait parfois « le faire aller plus lentement » afin de recréer des automatismes sûrs et économes.
Réhabilitation : discipline et progressivité
Dans la phase post-opératoire et de rééducation, Panichi insiste sur la discipline. La tentation du retour rapide est forte, tant chez le joueur que chez l’entourage. Pourtant, pour un tendon d’Achille, les délais biologiques imposent de la patience : les estimations évoquées vont de six mois (optimiste) à 9-12 mois (plus réaliste). Le plan de travail doit être gradué : rééducation fonctionnelle, renforcement excentrique, proprioception, puis réintégration progressive des actions de sprint et des changements de direction. La progression des charges doit être guidée par des références objectives (tests de force, asymétries, qualité des appuis) et non par le désir de revenir au plus vite.
Aspects techniques à travailler spécifiquement
Plusieurs éléments techniques sont à privilégier dans la reprise :
Le rôle du staff et de la communication
Panichi rappelle aussi l’importance d’une communication claire entre joueur, entraîneur et staff médical. Trop souvent, des signaux subtils sont minimisés pour ne pas perturber le joueur ou l’équipe. Or, une lecture honnête de la fatigue et des asymétries, puis des décisions tactiques sur la planification de la saison, auraient pu éviter l’accumulation. Mettre en place des marqueurs réguliers (charges GPS, tests fonctionnels) permet d’objectiver l’état du joueur et d’agir avant que la blessure fatale n’apparaisse.
Conséquences sportives et temporisation réaliste
Sportivement, inquiéter un tendon d’Achille chez un joueur explosif c’est compromettre plusieurs aspects du jeu : départs, accélérations et capacité à jouer en phase défensive et offensive simultanément. Les prévisions de retour oscillent : six mois si tout se déroule parfaitement, mais souvent 9 à 12 mois pour retrouver un niveau compétitif sans prise de risque. Pour un joueur du calibre de Rune, une reprise trop hâtive pourrait laisser des séquelles fonctionnelles. La sagesse est donc de privilégier l’intégrité à court terme plutôt qu’un retour précipité.
Leçons pour les joueurs amateurs
Plusieurs enseignements sont immédiatement transposables au tennis amateur :
L’intervention de Panichi auprès de Rune illustre l’importance d’une approche méthodique et scientifique pour prévenir et soigner les blessures. Pour un joueur jeune et explosif, l’équilibre entre performance et pérennité passe par la gestion fine des charges, l’amélioration des mouvements et une rééducation progressive, respectueuse des temps nécessaires à la reconstruction tissulaire. Suivre ces principes augmente significativement les chances d’un retour serein et durable sur le circuit.
