7 juin 2025

Scandale à Roland-Garros : Mauresmo bannit les femmes des night sessions – la vérité choque

ROLAND GARROS 2025 Jannik Sinner (ITA) Photo © Ray Giubilo

Un choix dicté par la peur du « set expéditif »

Depuis plusieurs années, la direction du tournoi de Roland-Garros a instauré un unique match par session nocturne, exclusivement masculin. À première vue, cette décision relève d’une logique commerciale : garantir aux spectateurs du soir un minimum de deux heures de spectacle sur le Court Philippe-Chatrier. Sur terre battue, un match au meilleur des trois manches, comme c’est le cas en simple dames, peut basculer en moins d’une heure et demie si l’une des joueuses domine nettement son adversaire. Au regard du prix des billets « night session », l’organisation préfère miser sur le format en cinq sets, aux durées plus imprévisibles.

Les justifications d’Amélie Mauresmo

En tant que directrice du tournoi, Amélie Mauresmo assume cette programmation. Son raisonnement est le suivant :

  • Une rencontre féminine en deux sets secs pourrait laisser le public sur sa faim, notamment si le match dure moins d’une heure.
  • Le risque, pour les organisateurs, d’un stade à moitié vide en cas de fin rapide est jugé inacceptable.
  • La priorité est donnée au maintien d’une audience télévisée élevée, stratégique pour les partenariats et la visibilité mondiale de l’événement.
  • Cependant, cette posture soulève des interrogations dès lors que certains duels masculins se terminent tout aussi vite. L’argument – certes pragmatique – trahit une approche où la forme prime parfois sur le fond sportif.

    Le paradoxe Sinner en session nocturne

    Jannik Sinner, numéro 1 mondial, a demandé à plusieurs reprises des créneaux en nocturne. Pourtant, ses prestations éclair confirment le dilemme : jusqu’à présent, ses matchs au tournoi parisien ont duré en moyenne 1 h 40. Avec des victoires nettes, sans perdre le moindre set, le prodige italien aurait pu être victime de la même crainte d’ennui que suscitent les matchs féminins courts.

    En parallèle, Carlos Alcaraz a également brillé lors d’une « night session » en écartant Tommy Paul en moins d’une heure trente, avec seulement cinq jeux concédés. Cette démonstration de force prouve que le concept de « match trop court » ne se limite pas au simple fait de jouer en trois sets. Le rythme, la tension et la qualité du jeu sont des facteurs plus déterminants que la durée brute.

    Une injustice sportive et médiatique

    Ce monopole nocturne prive les joueuses de la visibilité qu’elles méritent lorsque leur niveau de jeu atteint des sommets. On peut citer :

  • Les performances éblouissantes de l’an dernier, où plusieurs duels en trois sets entre favorites ont captivé le public et les téléspectateurs.
  • Les étincelantes batailles tactiques entre spécialistes de la terre battue, offrant des échanges de haute intensité, dignes d’une session prime-time.
  • Le besoin de promouvoir l’équité entre les tableaux masculin et féminin, crucial pour l’image de marque du tournoi et la fidélisation d’un public diversifié.
  • Privées de sessions en soirée, certaines joueuses se retrouvent cantonnées au « court annexe » ou aux créneaux de fin d’après-midi, souvent soumis à la lumière du jour et à l’incertitude des averses, ce qui ne profite pas toujours à la qualité du spectacle.

    Les enjeux pour la prochaine édition

    Pour sortir de cette impasse, Roland-Garros pourrait envisager plusieurs pistes d’évolution :

  • Introduire systématiquement un deuxième match, mixte ou féminin, en session nocturne pour sécuriser la durée globale, quel que soit le résultat du premier face-à-face.
  • Mettre en place un « shot clock » plus strict pour accélérer le jeu et limiter les variations de tempo qui rallongent artificiellement la durée des rencontres.
  • Analyser statistiquement la durée moyenne des matchs féminins au meilleur des trois manches pour évaluer la pertinence d’une nocturne dédiée.
  • Renforcer la promotion des matchs en soirée, en faisant intervenir des commentateurs spécialisés pour valoriser la dimension tactique et le suspense inhérent aux échanges.
  • Proposer aux spectateurs des billets modulables, garantissant l’accès à deux rencontres, quelles que soient leurs disciplines, pour maximiser la satisfaction et l’engagement.
  • Le rôle clé de la technique et du spectacle

    En tant qu’ancien joueur classé -2/6, je sais à quel point la tension d’une session nocturne peut sublimer la performance. La luminosité artificielle, l’acoustique amplifiée et l’atmosphère intime du stade créent un environnement propice aux émotions fortes. Les joueuses capables de développer un tennis offensif, de varier les trajectoires et de déjouer la stratégie adverse trouveraient en prime time une caisse de résonance à la hauteur de leur talent.

    Au-delà du marketing, c’est la promotion de la diversité des styles de jeu qui permet de nourrir l’intérêt des amateurs et des néophytes. Accorder à la WTA sa juste part d’exposition nocturne, c’est envoyer un signal fort en faveur de l’égalité sportive et de la reconnaissance du spectacle autant que du résultat.

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